Vétéran des forces armées canadiennes et entrepreneur, le parcours de Patrick Dupuis a tout pour inspirer.
Originaire de Saint-Jérôme, au Québec, celui qui s’est reconverti en fromager a été attiré par l’univers militaire dès son plus jeune âge. « Je demeurais dans une petite rue, il y avait un vieux vétéran de la Deuxième Guerre mondiale. Quand on était tout petit, il nous mettait en rang et nous faisait marcher. C’est resté en dedans de moi », raconte-t-il en ajoutant avoir grandi dans un milieu familial qui le prédestinait à cette carrière.
C’est après un bref passage au Cégep que Patrick Dupuis a décidé de s’enrôler dans l’armée canadienne. « J’étais tanné de l’école, alors je suis rentré dans les forces, puis j’ai fait plus d’école dans les forces que j’aurais fait si j’étais resté à l’école », dit-il bardé d’un baccalauréat en commerce et d’une maîtrise en administration.
Spécialisé dans les munitions, Patrick Dupuis a été déployé pour la première fois lors de la guerre de Bosnie. « Quand on est allé avec l’OTAN, la dynamique avait changé, on était la super-puissance et on imposait “Là c’est assez” », se souvient-il. C’est aussi à cette occasion qu’il a rencontré sa femme qui partageait la même profession que lui. Ensemble, ils furent chargés de reconstruire une école. « On voyait les jeunes qui avaient perdu leur famille puis on pouvait faire quelque chose de concret qu’ils allaient être capable de bénéficier. On s’en reparle encore aujourd’hui ».
L’expertise en munition de M. Dupuis a été particulièrement utilisée lors de la guerre en Afghanistan alors qu’il a participé à deux missions dans le cadre d’un poste occupé par seulement trois autres militaires. « On montait des dossiers pour savoir si les capturés avaient touché à des explosifs », résume-t-il.
Entraîné avec le FBI, Scotland Yard et tous les centres d’intelligences à travers le monde, Patrick Dupuis garde un goût amer du dénouement de la guerre en Afghanistan avec la reprise du pouvoir par les talibans. « Le pire dans toute cette histoire c’est le coût des vies canadiennes que ça a pris pour essayer de changer le pays puis du jour au lendemain on a fermé nos yeux sur toutes les personnes qu’on a perdu et on s’est juste en allé », regrette-t-il.
Du retour au pays à la vie entrepreneuriale
Posté à Wainwright, en Alberta, le couple est tombé en amour avec la région alors que Patrick Dupuis était en fin de carrière militaire. « On aime les grands espaces, on a une grande terre avec des chevaux », se plaît-il à raconter.
C’est en ces terres que l’idée de lancer une fromagerie a germé. « Un jour, j’étais assis avec ma femme puis elle m’a dit “tu aimes bien le fromage et tu es toujours en train de chialer qu’il n’y en a pas, alors tu devrais peut-être faire quelque chose là-dedans” ». À ce titre, sa femme ne se trompait pas, si le Québec compte 300 fromagers, l’Ontario 250, l’Alberta n’en comptait que six.
Chance lui a pris que l’entrepreneur en devenir devait réaliser un projet dans le cadre de sa maîtrise en administration : « Il y avait chaque portion du développement d’un plan d’affaires. Je prenais mes idées, je les mettais toutes ensemble puis c’était révisé par les professeurs. À la fin de ma maîtrise, j’ai eu un plan assez béton », explique-t-il.
Avec ce plan en main et les idées claires en tête, Patrick Dupuis a pu présenter son projet de fromagerie à différents programmes de financement dont “Prince Operation” qui visait à encourager les vétérans à lancer des entreprises ainsi que la Banque de Développement du Canada. « Tous les principes de l’entrepreneuriat sont des principes que l’on apprend quand on est militaire : tu as un objectif à atteindre, tu fais un plan avec les ressources dont tu as besoin et tu le mets en œuvre », image-t-il.
Alors qu’il souhaitait faire du fromage de chèvre au départ, c’est vers le traditionnel fromage en grains qu’il s’est tourné et ce fut une des clés de son succès. « Au début de l’entreprise, il y a eu un gros exercice avec les francophones de Valcartier qui se sont déployés en Alberta. Quand ils sont venus ici, quelqu’un leur a mentionné qu’on faisait du fromage, ces unités sont venues nous voir et ont commandé directement de nous plutôt que du Québec. Ça nous a beaucoup aidés à nous faire connaître », se rappelle-t-il avec joie.
Une fois en plein essor, les affaires ont fait boule de neige pour la Old School Cheesery, qui a su bénéficier du réseautage dans la communauté franco-albertaine. « Par la suite, on allait dans les restaurants avec nos cartes d’affaires et nos échantillons. Les gens nous rappelaient. “Ah tu es francophone ? Mes chefs aussi le sont !” », illustre le vétéran.
L’entreprise familiale a également joint le Conseil de développement économique de l’Alberta (maintenant Parallèle Alberta) qui a pu la référer à plusieurs autres programmes de financement ainsi qu’à des organisations touristiques. « On a été introduit au réseau économusée qui développe le côté touristique des entreprises. Ils nous ont choisis pour qu’on soit le premier économusée en Alberta ce qui nous a permis de faire de la promotion non seulement en Alberta, mais partout à travers le monde avec des magazines », explique Patrick Dupuis.
Alors qu’il désire laisser sa fromagerie en héritage à sa fille, l’entrepreneur a quelques conseils à offrir à d’autres vétérans qui seraient tentés de se lancer en affaires « Si tu penses sortir du militaire et avoir une retraite tranquille, ne pars pas d’entreprise. Si tu as encore de l’énergie et que tu as envie de te lancer dans quelque chose de nouveau, pars une entreprise. C’est valorisant, c’est le fun, il va y avoir beaucoup de bas et de hauts, il faut juste s’adapter, je trouve ça plaisant la recherche d’adrénaline », lance-t-il en guise de conclusion.
Félicitation pour ton parcours Patrick, je ne connaissais pas tout ton cheminement, je suis heureuse pour toi et fière du jeune garçon qui venait cogner à la porte de Saint-Janvier. Bravo!
Bravo mon beau Patrick, je suis fier de toi tu as fait un beau cheminement. Ton fromage est tellement bon, on ne peut sans passer. Encore bravo tu es formidable. J’espère de voir bientôt. Bonne continuité.
Superbe récit sur le parcours de Patrick Dupuis! Sa transition de la vie militaire à l’entrepreneuriat est vraiment inspirante. Une chose que je me demande, c’est comment s’est déroulée sa formation pour devenir fromager après son impressionnante carrière militaire? Ça doit être fascinant de voir comment il a intégré deux univers si différents. Merci pour cet article inspirant!